ALLER PLUS LOIN

JO 73, la série olympique

Si pour les plus jeunes, Albertville n'évoque pas forcément quelque chose, il est une génération de quadras et au delà qui ont un souvenir impérissable des Jeux Olympiques qui ont eu lieu dans cette ville de Savoie du 8 au 23 février 1992. Pensez donc, 941.650 billets vendus dans une ville qui, au moment des jeux compte un peu plus de 17.000 âmes, ça ne passe pas inaperçu. L'évènement est de taille et les yeux du monde entier sont tournés pour l'occasion vers la France ce qui représente une cible de 2,2 milliards de téléspectateurs potentiels.
Lorsque Albertville est sélectionné en octobre 1986 comme étant la ville hôte des Jeux de 1992, se pose rapidement la question de l'aspect financier des Jeux, car, si l'on compte sur les retombées économiques d'un tel évènement, il faut tout de même investir pour l'aménagement du site et de ses accès. En février 1987 est créé le COJO (Comité d'Organisation des Jeux Olympiques) qui sera coprésidé par Michel Barnier Député de Savoie et Jean-Claude Killy triple champion olympique et, en novembre 1987 un protocole d'accord est signé entre l'Etat, le département de Savoie et le COJO pour financer les installations sportives mais celui-ci ne prévoit pas le coût des infrastructures routières. La région Rhône-Alpes apportera son soutien et un partenariat avec le secteur privé via le 'Club Coubertin' qui regroupera par un système de sponsoring La Poste, IBM France, le Crédit lyonnais, BIS, AGF, Renault, la SNCF, Yoplait-Candia, France Télécom, Évian, Alcatel et Thomson avec un déboursement entre 50 et 70 millions de francs (env. 7,5 M €) par partenaire pour en devenir membre permettant une entrée de 800 millions de francs de recette. A ces douze entreprises, s'ajoutent quinze autres participant à concurrence de 500.000 Francs chacune.
C'est ainsi qu'est signé en novembre 1988 le contrat de partenariat entre Renault et le COJO. Loïc CAPERAN, directeur commercial de Renault en France explique l'engagement de la marque en désignant les JO comme étant 'l'évènement sportif majeur de la fin du Siècle en France et Renault se doit d'y être présent'. Cet engagement se traduit sur le terrain par l'engagement dès la fin de l'année 1990 de 1000 volontaires de la marque, la mise à disposition de 1350 véhicules de la marque et de ses filiales (Alpine et Jeep à cette époque) et l'appui d'un réseau régional de 200 concessionnaires et agents prêts à intervenir 24h/24.
Une équipe de 30 personnes, l'équipe '10.48' sera spécialement dédié à la préparation intégrale des véhicules dont les 100 premiers exemplaires seront livrés au COJO et 70 véhicules officiels à la Fédération Française de Ski en octobre 1991 (les autres suivront à partir de novembre 1991) et qui ont pour équipement :

- Une livrée peinture couleur blanc glacier 389
- Des pneumatiques thermo-gomme
- Un troisième jeux de clefs ainsi que deux jeux de porte-clefs
- Un jeu de tapis de sols griffés Albertville
- Des vitres électriques et la condamnation centrale des portières
- Un colis d'entretien comprenant un seau, une balayette, une raclette, des gants, un jeu de chaînes et des produits de désembuage ou encore dégivrage des serrures
- Un jeu de plaques d'immatriculations très particulières griffées 'Jeux Olympiques D'hiver - Albertville 92' et toutes numérotées dans une série particulière 'JO 73' qui a nécessité une dérogation spéciale de la Préfecture de Savoie, la lettre O n'existant pas sur les plaques françaises et la Préfecture immatriculant à cette époque dans la série RX 73.

On confondra souvent les véhicules mis à disposition du COJO au nombre de 1350 et immatriculées en JO 73, avec les séries Olympiques déclinées dans la gamme grand public qui se déclinent ainsi :

- RENAULT CLIO I Olympique 92 blanc glacier 389 moteur 1721cm3 92ch en 3 ou 5 portes sur base RT limitée à 1800 exemplaires au tarif de 94.200 F
- RENAULT 19 I Olympique 92 blanc glacier 389 moteur 1721 cm3 107ch 5 portes sur base TXi limitée à 500 exemplaires au tarif de 122.400 F
- RENAULT 21 PHASE 2 Olympique 92 blanc glacier 389 moteur 1995 cm3 140ch 5 portes sur base TXi limitée à 300 exemplaires au tarif de 148.400 F
- RENAULT 25 PHASE 2 Olympique 92 blanc glacier 389 moteur 1995 cm3 144ch 5 portes sur base TXi limitée à 300 exemplaires au tarif de 180.200 F
- RENAULT ESPACE II Olympique 92 blanc Arctique 329 moteur 2849 cm3 V6 153ch sur base RXE V6 limitée à 100 exemplaires au tarif de 238.600 F (l'Espace II sera d'ailleurs présenté à la presse en mars 1991 à Albertville et Courchevel)
- RENAULT JEEP CHEROKEE Olympique 92 blanc brillant 819 moteur 3690 cm3 189ch boîte auto sur base Jeep 4.0 limitée à 49 exemplaires au tarif de 209.000 F
- ALPINE A610 Olympique 92 blanc Gardenia 303 moteur 2975 cm3 V6 turbo Garrett T3 250ch limitée à 2 exemplaires au tarif de 420.400 F

Cette fameuse série d'immatriculations JO 73 est devenu un grand mystère après plus de 30 ans et il faut désormais émettre quelques hypothèses qui ont émergés en fonction de celles qui ont pu être trouvées sur Internet (les 'vraies' du COJO et les série limitées 'Olympique 92') sur son fonctionnement

- Tout d'abord, même si depuis 1976 la numérotation des immatriculations débute à 11, cette série débute à 1 et c'est la Renault 25 de Jean-Claude Killy qui porte ce numéro.

- Si l'on observe la plupart des plaques, comme la lettre O n'existe pas dans les casses des poseurs de plaques, elle est remplacée par un 0


- La plupart des autos ont été vues à vendre après les Jeux dans des concessions de Boulogne Billancourt, ville où se trouve le siège de Renault
- Aucune de ces immatriculations n'a été informatisée et il est très probable que la Préfecture de Savoie ait géré la série comme une série WW temporaire avec des carnets à souche comme cela se faisait à l'époque du FNI. En effet, aucune ex 'JO 73' présumée ne semble avoir une date de première mise en circulation correspondant à la date des JO mais plutôt postérieures (juin ou juillet 1992 pour les plus basses) ce qui correspond typiquement à un traitement WW, la date de circulation en numéro temporaire n'étant pas prise en compte.
- Enfin, les photos du cortège de la flamme Olympique démontrent systèmatiquement que les véhicules du parcours ont tous une immatriculation débutant par 92** JO 73, 92 étant l'année des JO et ces véhicules devant certainement être différenciés des autres véhicules à l'époque.





- Le fabricant de miniature Ottomobile a utilisé en mars 2014 l'immatriculation 610 JO 73 pour reproduire son modèle réduit à l'échelle 1/18e de l'Alpine A610 Olympique (ref OT553 chez le fabricant) sans qu'il soit indiqué si cette immatriculation a été choisie par le fabricant ou, bel et bien reprise du modèle réel utilisé par le COJO. Ce qui est certain, c'est qu'avec 1250 unités produites, il existe beaucoup plus de cette miniature que du modèle réel !

Cet article peut paraître court mais sa documentation a été longue et fastidieuse car il n'existe quasiment plus de témoins de cette époque et on lit tout et n'importe quoi sur Internet. Nous avons analysé pas mal d'immatriculations et de numéros de série pour être le plus précis possible et il existe aujourd'hui pas mal de confusion entre les véhicules du COJO et la série spéciale Olympique ce qui brouille les pistes. Certains véhicules sont de vrais collectors à condition de s'y connaître... Dans tous les cas, si vous avez d'autres photos ou informations sur ces Renault, nous sommes preneurs...